Nadar
Très célèbre comme caricaturiste, écrivain, Nadar l’est également comme photographe dès l’ouverture de son atelier de la rue Saint-Lazare en 1854. Sa célébrité lui vaut un important courrier et les sollicitations les plus diverses. Cette lettre d'un certain Gazebon est plaisante car l'ignorance, la suffisance et le culte du progrès y confinent à la naïveté. Nadar la cite dans ses mémoires, Quand j'étais photographe (1900), ajoutant : « J'avais lu et relu cette lettre cocasse — que je reproduis ici textuelle, orthographe et ponctuation —, admirant à régal la crédulité dodue de ce Gazebon et la fourbe du perfide Mauclerc. » A noter que Nadar n’a jamais pratiqué le daguerréotype (encore moins le «daguerréotipe»), seulement la photographie au collodion. M. gazebon, cafetier. Lettre à Nadar, Pau, 27 août 1856. Monsieur, M. Mauclerc, artiste dramatique, de passage en notre ville, m'a fait voir ainsi qu'aux habitués de mon établissement son portrait daguerréotipe (sic) nous a-t-il dit par vous à Paris, tandis que lui était aux Eaux-Bonnes (par le procédé électrique). Plusieurs personnes qui ignorent les progrès de l’électricité se sont refusées à ajouter foi aux affirmations de M. Mauclerc dont pour ma part je n'ai pas douté un seul instant m'étant un peu occupé de Daguerréotipe dans un temps. Je viens donc vous prier monsieur de me tirer mon portrait d'après le même procédé et de me le renvoyer le plus promptement possible. Recevant journellement la meilleure société et même un grand nombre d'Anglais surtout en hiver, je vous engage à appliquer tous vos soins à ce travail, ne pouvant que vous être favorable, beaucoup de personnes se proposant de vous écrire pour avoir aussi leur portrait. Je le désire tiré en couleur et s'il est possible assis à l'une des tables de ma grande salle de billards. J'ai l'honneur de vous saluer. Gazebon. Propriétaire du café du Grand-Théâtre, Grande-Place.
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