Méthode s+7
Exposée par Jean Lescure lors d’une des premières réunions de l’OuLiPo (le 13 février 1961), la méthode S + 7, notée aussi par la formule M n, consiste à remplacer dans un texte préexistant (littéraire ou pas) les mots (M) par d’autres mots du même genre qui les suivent (+) ou les précèdent (-) dans le dictionnaire, à une distance variable mesurée par le nombre de mots (n).
L’opérateur n’a, dès lors, plus qu’une fonction purement mécanique (nous reviendrons plus tard sur cette sorte d’évincement de l’auteur par le jeu formel). La méthode offre évidemment des résultats variables en fonction de l’outil d’application de base, c’est-à-dire du texte choisi.
Cette méthode, expérimentée au départ par S + 7 (septième substantif qui suit le substantif en question dans le dictionnaire), a fait l’objet de modifications : lors d’une session régulière de l’OuLiPo, François Le Lionnais a en effet proposé des formules telles que S + 3, S – 7, A + 14 ou V – 13 (A correspondant à un adjectif, V à un verbe). On arrive, de ce fait, à des opérations presque infinies : le nombre de possibilités d’intervention dépasse en tout cas de beaucoup le temps d’exercitation d’un homme .
La contrainte S + 7 a ainsi été appliquée à de nombreux textes comme des extraits de journaux, certaines maximes de La Rochefoucauld, la fable de La Fontaine La cigale et la fourmi (devenue La cimaise et la fraction), mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse dans le cadre de ce travail, à un sonnet très célèbre de Gérard de Nerval.
Voici le résultat obtenu par Queneau suite à l’application de la stricte formule S + 7 (en tenant compte des adjectifs, verbes, substantifs féminins ou masculins) :
El Desdichado
Je suis le ténébreux, - le veuf, - l'inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule étoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le soleil noir de la Mélancolie.
Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as