Mémoire fusillés
Le 5 novembre 1998, à l'occasion du 80e anniversaire de l'Armistice de 1918, cette mémoire a fait l'objet d'une reconnaissance tardive exprimée par Lionel JOSPIN à Craonne, sur le Chemin des Dames, dans un discours officiel par lequel le Premier ministre a demandé que ces soldats « réintègrent pleinement notre mémoire collective nationale » ( 1 ) .
Annette BECKER a bien montré comment la mémoire de ce qu'on a appelé la Grande Guerre s'est construite autour des monuments aux morts, élevés dans les communes au lendemain de la 1ère guerre mondiale, en privilégiant la mémoire combattante héroïque et virile, et en rejetant les autres victimes ( fusillés pour l'exemple, soldats indigènes des colonies, prisonniers de guerre, populations civiles occupées ) « dans le silence quasi honteux de l'oubli » ( 2 ) .
Dans les années 1920, une dizaine de monuments aux morts ont été cependant édifiés pour exprimer clairement la révolte et le dégoût de la guerre, par exemple à Gentioux dans la Creuse, à Equeurdreville dans la Manche, à Saint-Martin-d'Estréaux dans la Loire, à Riom dans le Puy-de-Dôme, où a même été érigé un monument à la mémoire des fusillés de 1917.
Le monument aux morts de Gentioux dans la Creuse, érigé à la suite d'une décision du conseil municipal dirigé par un maire SFIO, Jules COUTAUD, est constitué d'une statue en fonte peinte qui représente un enfant orphelin, qui brandit le poing en montrant la liste des 63 morts de la commune tués au cours de la 1ère guerre mondiale, avec l'inscription explicite :
« Maudite soit la guerre ! »
On retrouve cette même inscription « Que maudite soit la guerre » sur le monument aux morts en pierre d'Equeurdreville qui représente la douleur et la souffrance d'une veuve de guerre et de ses deux enfants, orphelins.
À Saint-Martin-d'Estréaux, c'est aussi à l'initiative du maire, Pierre MONOT, que des inscriptions