Médias
La nausée. Comment nommer autrement ce sentiment qui nous étreint, soir après soir, face au spectacle, toujours plus agressif de la violence à l’écran ?... Même si la plupart des recherches échouent à établir un lien de cause à effet entre la représentation de la violence et le passage à l’acte, elles convergent pour admettre que l’exposition prolongée accroît l’agressivité, augmente les effets négatifs sur les attitudes et les représentations mentales et morales des spectateurs. (...) Les programmes pour la jeunesse, farcis de japo-niaiseries au rabais, sommaires, laides, déprimantes, angoissantes, entrelardées de pubs, décrivent des univers sinistres, aux couleurs agressives, où la mort est omniprésente. Tuer ou être tué ? Telle est la question que l’on inocule dans les têtes d’enfants dont la plupart des parents ignorent ce qu’ils ingurgitent, trop contents de les abandonner devant la télé baby-sitter. Sophie Cathelineau qui étudie pour le CSA la logique de ces programmes, dénonce la « déstructuration du récit, l’aplatissement du langage, la logique d’intimidation, l’utilisation forcenée du sadisme ». Elle note que le but principal du héros se résume à « comment faire souffrir le plus possible ? À force d’être banalisée, la violence, qui est une transgression, devient la loi ». Accusation gravissime... Tôt ou tard, cette fascination pour la violence, sous toutes ses formes, aura un prix social... « Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, relève Georges Gerbner, professeur à l’université de Pennsylvanie, la plupart des récits mettant en scène les individus, la vie et les valeurs sont transmis non par les parents, l’école, l’église ou par des institutions proches qui ont un message à transmettre, mais par des conglomérats lointains qui ont quelque chose à vendre. » Nos enfants ont-ils mérité qu’on leur inflige une telle bouillie infâme ? Au nom de quoi sont-ils condamnés à adhérer à cette «