Musique en 68
On ne peut pas dire que Sartre, plus qu'un autre, ait senti venir mai 68. Il suivait avec intérêt les nouvelles formes de militantisme des jeunes de son entourage engagés dans les comités de base contre la guerre, américains etc... Son combat intellectuel, il le menait en philosophie contre le structuralisme, théorie dominante de l'époque. Mai 68 est une révolution sartrienne. un sursaut de la liberté, de l'invention, de l'imagination sociale. Sartre la salue tout de suite, de façon radicale.
Le 12 mai, après la nuit des barricades, il déclare sur les ondes de Radio-Luxembourg:
"Dans nos pays occidentaux avachis, la seule force de contestation de gauche est constituée par les étudiants et bientôt, je l'espère, par la jeunesse entière. Cette force de contestation est violente car, au fond, la gauche est violente et elle ne peut être autrement puisqu'on lui fait violence... Le vrai problème pour les étudiants est de trouver les moyens d'ajuster leur combat à celui des classes travailleuses car, bien que les motivations soient différentes, il s'agit du même combat."
Surpris par l'ampleur des manifestations étudiantes consécutives à l'évacuation de la Sorbonne le 3 mai, Sartre leur donne sans tarder son soutien avec Blanchot, Gorz, Lacan... Il signe une pétition qui parait dans le Monde, le 10 mai.
Interrogé par Radio-Luxembourg, Sartre explique que les étudiants ne veulent pas d'un "avenir qui sera celui de leurs pères, c'est à dire le nôtre (...), un avenir qui a prouvé que nous étions des hommes lâches, épuisés, fatigués, avachis par une obéissance totale et complètement victimes d'un système clos". SARTRE SYMPATHISE, APPLAUDIT, MAIS IL N'EST PAS, OU PAS ENCORE DANS LE MOUVEMENT.
Le 15 mai, Raymond Aron livrant ses "réflexions d'un universitaire", se range du côté "des enseignants, plus soucieux de leur métier que d'une croisade sans croix ou d'une lutte sans objet". Le lendemain, il exprime son espoir d'un dialogue avec