Montesquieu
« De l’esclavage des nègres »
Introduction : Dans un extrait resté très célèbre de son ouvrage de philosophie politique De l’esprit des Lois, Montesquieu prend le parti de l’ironie pour dénoncer les thèses d’un esclavagiste. En 9 petits paragraphes successifs, il fait semblant d’accréditer ces thèses par une apparente logique. Le lecteur attentif s’aperçoit vite que le but de Montesquieu est de ridiculiser chaque argument et, de ce fait, de condamner sans merci la pratique inhumaine de l’esclavage, largement instituée au XVIIIe siècle. Nous mettrons en valeur, dans cet extrait, l’apparente défense de l’esclavage, puis dans un deuxième axe, l’incohérence du raisonnement.
Premier axe : une apparente défense de l’esclavage
Le texte se présente comme un plaidoyer de l’esclavage. Dès le premier paragraphe, le narrateur souligne ses intentions avec fermeté (« voici ce que je dirais » : on peut noter une certaine fierté dans l’utilisation du présentatif « voici » qui ouvre sa pensée). Il s’agit donc d’argumenter en faisant référence à des domaines d’activités et de réflexions divers et dans le but de convaincre ou de persuader. Examinons ces arguments : ➢ L’argument 1 est un argument historique. Montesquieu fait allusion aux guerres de colonisation. La logique est soulignée par l’idée d’une nécessité impérative (« ont dû » = ils ne pouvaient faire autrement). La situation est présentée comme incontournable. ➢ L’argument 2 est un argument économique. L’avantage de l’esclavage est de garantir le prix du sucre le plus bas. Le système hypothétique (« si ») met en valeur un besoin : il faut maintenir l’esclavage pour continuer à garantir les prix bas. ➢ L’argument 3 est un argument esthétique. Le narrateur établi une relation logique de cause à effet par l’utilisation d’une concession (le nez si écrasé que). Le peu d’absence de réactions sensibles (presque impossible de les plaindre)