Montesquieu, « de l’esprit des lois », 1748
« De l’esprit des lois » est son œuvre majeure, et il y prône l’établissement d’un système aristocratique très libéral. Certaines idées de cet ouvrage seront reprises pour la rédaction de la Constitution Française en 1791, comme la séparation des trois pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire). Lors de sa parution, Montesquieu sera victime de vives critiques de la part des conservateurs et de l’Église.
Au chapitre XV de De l’esprit des lois, Montesquieu dénonce l'esclavage en une démonstration qui doit sa force à la forme choisie. Il s'agit en effet d’une argumentation en neuf points successifs, donc neuf paragraphes. Le caractère argumentatif du texte est annoncé dès l'entrée en matière, qui souligne une situation hypothétique. La démonstration reprend alors les arguments que pourraient énoncer les esclavagistes, mais en soulignant à chaque fois leur caractère inadmissible, incohérent, absurde. C'est ce choix de démonstration a contrario, ou par l'absurde, qui rend le texte difficile à analyser. Et l'apparence de parti pris pro esclavagiste conduit à constamment retourner les propositions. L'ironie joue donc un rôle essentiel.
Il est très important de repérer la structure de la première phrase et d’en tenir compte.
La présence de Si : La phrase débute par Si, ce qui attire l'attention sur l'idée d'une condition. Cette idée est soulignée par le mode du verbe principal, « je dirais ». Le conditionnel présent peut avoir ici valeur de potentiel (action réalisable dans l'avenir) ou d’irréel du présent (action irréalisée dans le présent). La présence de la condition, la volonté de défendre l'esclavage, éclairent le choix modal. Il s'agit d'une pure hypothèse, d’un cas de figure impossible.
La démarche