Monsieur
Monsieur a 58 ans. Il est hospitalisé dans le service d’hématologie suite à la découverte d’une leucémie aiguë myéloblastique. C’est un patient chaleureux et qui discute volontiers avec tout le monde. Il ne manque jamais une occasion de remercier le personnel pour son dévouement. Dès l’annonce du diagnostic de maladie grave, il a remis sa vie entre les mains des médecins et du personnel soignant, exprimant ainsi toute sa confiance.
Malheureusement, après un traitement très lourd, Monsieur a rapidement rechuté. Toutes les alternatives thérapeutiques ont été utilisées et aucune n’a permis la rémission de la maladie. Son frère, seul donneur compatible a refusé le don de moelle osseuse. Monsieur ne lui en a jamais voulu. « C’est ma destinée, c’était écrit comme ça. » répétait-il sans cesse.
Pendant sa longue période d’aplasie, Monsieur est resté fébrile et asthénique durant de longues semaines. Aucun germe n’a pu être mis en évidence et c’est après une multitude d’examens que les médecins ont mis en évidence un lymphome non hodgkinien.
Après concertation, les médecins ont annoncé à la famille l’arrêt de tout traitement à visée curative contre la leucémie et contre le lymphome.
La famille a émis le souhait de taire à Monsieur la décision d’arrêter le traitement de la leucémie et de taire la découverte du lymphome : « ca ne servira à rien qu’il le sache, de toute manière, ça ne changera rien, il commence déjà à mourir… »
Les jours passent et sont rythmés par les mêmes rituels.
Au début de la maladie, Monsieur, très pudique, refusait l’aide des soignants pour effectuer sa toilette. C’était un moment qu’il réservait à son épouse, tous les après midi, lorsque celle-ci lui rendait visite après son travail. Malgré la fatigue, elle ne manquait jamais une visite auprès de son mari.
Au fil des jours, Monsieur, de plus en plus asthénique n’avait plus la force de