monsieur
L’homme peut-il être véritablement un objet de science ? Ne faut-il pas en outre commencer à se demander ce qu’est l’homme ? L’historien n’étudie-t-il pas davantage le «passé humain» que l’homme à proprement parler ? Le psychologue ne se penche-t-il pas davantage sur le fonctionnement de l’esprit humain que sur l’homme lui-même ?
On pourrait poser le même type de questions pour chaque objet propre à chaque science «humaine» : l’ethnologie, par exemple, étudiait initialement les particularités des sociétés primitives, sans fondamentalement s’interroger sur la nature humaine, même si les connaissances acquises apportaient des renseignements supplémentaires sur l’humain en lui-même, au regard de la compréhension de son évolution. 1. L'homme n'est pas seulement un être matériel
a. L'objectivité historique selon Paul Ricoeur
Parce qu’il n’est pas que «matière», mais aussi «esprit», l’homme résisterait, d’une certaine manière, à la connaissance rationnelle qu’on voudrait établir en cherchant à décrire et à comprendre ce qu’il est. En effet, parce que les sciences de l’homme sont toujours obligées de recourir à une interprétation, elles demeurent toujours empreintes de subjectivité. Un même événement historique, par exemple, peut être compris de manière différente, selon le point de vue de l’historien qui l’examine. Cela n’empêche pas l’histoire de prétendre à une certaine objectivité historique ; ainsi que l’explique Paul Ricoeur (1913-2005) : "Nous attendons de l’histoire une certaine objectivité, l’objectivité qui lui convient. (…) L’objectivité ici doit être prise en son sens épistémologique strict : est objectif ce que la pensée méthodique a élaboré, mis en ordre, compris et ce qu’elle peut ainsi faire comprendre. Cela est vrai des sciences physiques, des sciences biologiques ; cela est vrai aussi de l’histoire. Nous attendons par conséquent de l’histoire qu’elle fasse accéder le passé des sociétés humaines à