1.La question de notre sujet peut-être adressée à la plupart des philosophes qui estiment comme René Descartes, qu’il faut se méfier de nous-mêmes, de nos sens, de notre esprit, de nos semblables et même de la nature, si nous ne voulons pas avoir des surprises dans la connaissance ou dans l’action.2 Pour René Descartes en effet, le point de départ de la philosophie est le moment du retrait total de notre confiance à tous ceux qui en étaient au paravent les bénéficiaires.3.L’homme n’étant pas parfait, il peut se tromper involontairement, comme il est peut être tenté et est très souvent tenté d’abuser de la confiance de ses semblables. Dans ces conditions, le doute se justifierait rationnellement et aurait une valeur théorique et pratique positive, en tant qu’il fonctionnerait comme une mesure de prudence, un bouclier de sage à l’égard de soi, des autres et de la nature. 4. Mais un lutteur qui doute de sa puissance devant son adversaire, n’est-il pas en train de préparer son échec ? Si les membres d’une famille doutent de la sincérité et de l’honnête des autres, ne seraient-ils pas la cause de leur séparation et de leur affaiblissement social et politique ? Par ailleurs, peut-on rationnellement douter que toute chose qui existe doit nécessairement avoir une cause ? Descartes lui-même ne voit-il pas le moteur de la locomotive du doute s’éteindre devant l’évidence de la conscience ?5. Derrière la question de notre sujet, se cache une thèse selon laquelle, ou le présupposé selon lequel, une certaine méfiance généralisée n’est ni possible ni souhaitable, ou alors, elle est très difficile à appliquer et n’est pas toujours rentable. 6. Cette thèse exprime le problème des limites du doute qui se formule de manière spécifique avec trois questions : n’existe-t-il pas des vérités absolues ? Le doute est-il toujours positif ? Notre esprit est-il totalement libre d’accepter ou de refuser ?