mobilté sociale des enfants des migrants tunisiens en france
Textes/Thématiques
Écrit par Massa (Patrick)
Le marxisme et les sciences sociales académiques prétendant détenir les clefs d’une compréhensionscientifique du monde social, il est intéressant de les confronter sur un terrain étroitement délimité. Il est admis que l’optique marxiste serait par essence inattentive aux réalités qu’étudie la sociologie de la mobilité sociale, c’est-à-dire les déplacements des individus dans l’échelle sociale. Le décalage chronologique entre la France et les Etats-Unis dans le développement des travaux sur la mobilité sociale serait imputable au poids du marxisme si l’on en croit Les Sociologues et la mobilité sociale(1993) de Charles-Henri Cuin Il rappelle par exemple que le jeune Alain Touraine fut envoyé par l’économiste marxiste Charles Bettelheim au IIe Congrès mondial de sociologie à Liège en 1953 afin de contester l’intérêt même de ce type d’étude. Le démographe Jacques Dupâquier évoque dans La Société française au XIXe siècle. Tradition, transition, transformations évoque un Marx « hypermétrope »focalisé sur des catégories très larges et l’évolution globale de la société mais aveugle aux trajets individuels[1]. Et lui aussi estime que son influence aurait freiné les recherches françaises. Le premier jugement concerne la discipline sociologique et le second l’histoire sociale mais le diagnostic est le même. C’est toujours la faute à Marx. L’accusation est ancienne. Dans son étude sur « Les classes sociales en milieu ethnique homogène » datant de 1927 et reprise dans Impérialisme et classes sociales, Schumpeter prétendait que seule l’analyse marxiste avait élevé au rang de principe l’idée de l’existence de « barrières infranchissables » entre les classes[2]. Cette vision s’est maintenue. En 1969, dans Les Désillusions du Progrès Raymond Aron tranche. Marx confondrait classes et Stände d’Ancien Régime, il projetterait donc la rigidité passée sur la fluidité présente. C’est une