Migrant mother
Titre : Migrant mother
Date : 1936
Auteur : Dorothea Lange, née en 1895, morte en1965
Technique/Matériaux : photographie
Thématique : Arts, Etats et pouvoir
Domaine artistique : Arts du visuel
Dimensions : 33,1 x 26 cm
Localisation : Musée d’Oakland, Californie
MIGRANT MOTHER, ANALYSE :
Ce qui frappe d’abord dans cette photo, c’est le regard de cette femme. Il n’est pas dirigé vers l’objectif, mais se porte vers un point éloigné. Elle n’est pas avec nous, mais perdue dans ses pensées, absorbée par ses problèmes immédiats : trouver de quoi subsister, nourrir ses enfants. Ce regard qui s’éloigne accentue la détresse de la situation.
Et pourtant, nous ne sommes pas dans la misère, car ce qui transparaît de cette « Migrant mother », c’est une dignité impressionnante : ni pleurs, ni pose pathétique, mais au contraire une attitude droite, digne, presque majestueuse qui fait la force de cette photo. Le visage appuyé sur sa main, elle est droite dans l’adversité. Mais tous les signes de la misère sont là : ses vêtements sont de toile rude, ses cheveux grossièrement coiffés, elle tient un nourrisson dans une couverture sale, posée sur ses genoux. Son visage est abîmé, ridé, c’est presque celui d’une vieille femme, marqué par les tournants de la vie, alors que nous savons que Florence Thomson n’a que 32 ans. Elle est le symbole de ces 70% de femmes américaines qui ont du lutter seules pour soutenir leur famille.
La beauté de la photo tient aussi à sa composition en triangle, dans lequel seule la mère est visible et tient le rôle principal : c’est elle qui est éclairée, visage pâle encadré de cheveux noirs, flanquée de ses deux enfants qui sont, eux, dans la pénombre. Les deux petits sont vêtus de tissu grossier, comme l’étaient tous les enfants de ces migrants dont un cinquième ne pouvait aller à l’école faute de vêtements, les autres dormant tout habillés, dans la crasse et la vermine. Blottis contre leur mère,