Michel serres
Voici donc le texte de Michel Serres, philosophe français (encore vivant !), dont je vous avais parlé.
Sans parler de « fous dangereux » pour qualifier nos dirigeants, vous pouvez, je pense, en extraire l’idée que la menace iranienne n’est qu’un prolongement d’une logique folle amorcée au lendemain de la seconde guerre mondiale, héritière de la logique d’Hitler lui-même. Une logique de la peur (de sa « paranoïa ») présentant trois modalités : – s’armer au-delà de toute mesure en fuyant la question de l’usage que l’on fera des armes produites – utiliser les découvertes scientifiques à des fins militaires, donc destructrices – persuader les peuples de la nécessité d’un tel surarmement (en persuadant qu’il y a lieu d’avoir peur).
Le texte de Michel Serres date de 1974. Depuis, la dissuasion nucléaire et l’usage de la peur ont fait leur chemin… Après la chute du bloc soviétique, la peur occidentale s’est donné d’autres ennemis, au premier rang desquels l’Iran et les Islamistes.
Etrangeté : qu’il s’agisse d’Israël ou de la menace nucléaire, on se trouve ici au carrefour des suites données à la seconde guerre mondiale. Le nucléaire iranien serait comme une épreuve de vérité pour le monde né de la seconde guerre mondiale.
« Qu'arriverait-il si quelque fou dangereux, parvenu au pouvoir, décidait, sur l'instant, de déclencher l'apocalypse nucléaire, pendant un accès de manie psychotique ? La réponse est sans dilemme : la fin du monde et de l'espèce humaine. Le stock d'armement disponible, aux bilans les plus restrictifs, dépasse d'assez loin la possibilité d'atteindre ce but. Mais la question est très mal posée. Ce n'en est une que pour ceux qui admettent le cauchemar contemporain comme constituant des conditions normales. En fait, il n'y a même pas de question, il n'y a qu'une évidence : les fous dangereux sont déjà au pouvoir, puisqu'ils ont construit cette possibilité, aménagé les stocks, finement préparé