mes etudes
Le problème. La forme, la couleur, le poids ou la composition moléculaire d’un billet de banque ne disent rien sur la nature de l’argent. Qu’est-ce que donc l’argent si on ne peut pas le définir par ce qu’il est physiquement ? L’argent, répondent certains philosophes, est ce qu’il est parce que nous le croyons. Autrement dit, ces papiers rectangulaires sur lesquels figure le portrait d’Alberto Giacometi ne seraient pas des billets de banque d’une valeur de 100 francs suisses si nous n’entretenions pas à leur égard la croyance qu’il sont des billets de banque d’une telle valeur. Mais si nos croyances jouent un rôle essentiel dans l’existence de l’argent, est-ce à dire que l’argent n’existe que dans nos têtes ? N’y a-t-il aucune différence entre les liasses de billets qu’impriment la Banque Nationale Suisse, d’un côté, et les licornes ou
Guillaume Tell, de l’autre ?
Solution proposée. Nous montrons que l’argent ne dépend qu’en partie de nos croyances. D’abord, nos croyances ne rendent pas vraies la fausse-monnaie. Nous ne sommes pas maîtres, ensuite, de ces attributs. Il lui arrive, enfin, de circuler à l’insu de ceux qui l’utilisent.
Introduction
A la question : « Qu’est-ce que l’argent ? », nous envisagerons une série de réponses dont nous montrons les forces et les faiblesses. Nous verrons, dans un premier temps (Section 1.) que l’argent est une chose à la fois physique, abstraite et imaginaire, sans, toutefois, être parfaitement représentatif de ces trois classes d’objets.
Nous essayerons ensuite de définir l’argent par sa fonction, qui est de servir de moyen d’échange et présenterons trois façons de comprendre la valeur instrumentale de cette fonction. Nous passerons en revue certaines contraintes matérielles que cette fonction impose aux choses qui l’exemplifient (Section 2.). Nous chercherons ensuite à savoir en quoi, précisément, l’argent dépend de nous. Nous examinerons, à ce sujet, les possibilités que