Media
Les médias, du moins dans les pays occidentaux, assurent la circulation des opinions, leur confrontation, et leurs limites ou leurs insuffisances sont aussi celles de la démocratie. Les critiques récurrentes qu’ils suscitent oublient parfois la nature de cette dernière – où les débats s’organisent à partir de l’opinion commune, celle des simples citoyens, et ne sauraient être parfaitement ordonnés par la raison ni soumis à une vision du monde ou une autorité surplombantes. Si la communication menace toujours l’information, le public est pour partie coresponsable de la qualité des médias, leur réception par les individus n’étant par ailleurs nullement passive. Daniel Bougnoux insiste également sur l’articulation démocratie/médias : le gouvernement élu représente le peuple souverain et agit en son nom, les médias permettent dans l’intervalle de deux élections de continuer à faire entendre l’opinion du peuple auprès du pouvoir en place. Mais l’apparition de nouvelles technologies offre aux citoyens la possibilité de concurrencer les journalistes dans la saisie et le traitement de l’information. Faut-il y voir un progrès de la démocratie ou bien craindre que blogs et chats manifestent plutôt le recul d’une information publique, générale, soumise à des règles déontologiques, au profit d’enfermements égotistes ou d’emballements grégaires ? C. F.
a première évidence à rappeler, à l’ouverture d’une réflexion sur un sujet particulièrement ressassé et documenté, c’est la liaison intrinsèque, consubstantielle, des médias et de ce que nous appelons démocratie. Celle-ci se définit en effet, depuis (au moins) Kant, par le principe de publicité, « Öffentlichkeit », autrement dit par la libre circulation des opinions et leur confrontation, seule façon d’établir un bon gouvernement, qui soit conforme aux vœux de la majorité. Les « Lumières » ne consistent pas à réclamer partout le règne d’une raison scientifique,