Marquise, si mon visage
L'histoire raconte qu'elle est morte empoisonnée le 13 décembre 1668 dans des circonstances mystérieuses.. Pour lui reprocher son indifférence, Corneille retrouve la leçon de Ronsard (Quand vous serez bien vieille ...)
La beauté ne dure qu'un moment, la gloire du poète seule est gage d'éternité.
Hérité de la tradition antique (les mots carpe diem, carpe horam - c'est-à-dire : "cueille le jour, cueille l'heure" - nous viennent du poète latin Horace), ce "thème" est ancré surtout dans la pensée épicurienne. Détaché du passé à l'égard duquel il ne sait éprouver que de la gratitude, confiant dans l'avenir qu'il a su priver de la vaine espérance, le sage est décidé à vivre au présent. Non pour y assouvir un appétit de plaisirs, mais pour atteindre la sérénité de la vertu. Pourtant ce qui pourrait donner lieu à une célébration de la vie immédiate devient dès le XVI° siècle prétexte à une leçon morale : l'évocation de l'élan vital manifesté par la nature entière, élan que la jeune femme aimée, insensible à la parole poétique, a le tort de ne pas vouloir partager, s'accompagne d'une méditation sur la mort et les ravages du temps. le "thème" du carpe diem prend ici une forme argumentée.
On a affaire ici à une poésie de salon, c'est-à-dire à un jeu poétique sur un cliché (Marquise désigne Thérèse Gorla, épouse du comédien Du Parc et comédienne elle-même, courtisée à l'époque par nombre d'artistes).
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Brassens reprend les trois premières strophes des Stances à Marquise de Pierre Corneille et y ajoute la quatrième plaisamment composée par Tristan