mariage figaro
LA COMTESSE. Attirer vos gens, et faire un scandale public d'un soupçon qui nous rendrait la fable du château ?
LE COMTE. Fort bien, madame. En effet, j'y suffirai ; je vais à l'instant prendre chez moi ce qu'il faut... (Il marche pour sortir, et revient.) Mais, pour que tout reste au même état, voudrez-vous bien m'accompagner sans scandale et sans bruit, puisqu'il vous déplaît tant ?.., Une chose aussi simple, apparemment, ne me sera pas refusée !
LA COMTESSE, troublée. Eh ! monsieur, qui songe à vous contrarier ?
LE COMTE. Ah ! j'oubliais la porte qui va chez vos femmes ; il faut que je la ferme aussi, pour que vous soyez pleinement justifiée.
Il va fermer la parte du fond et en ôte la clef
LA COMTESSE, à part. Ô ciel ! étourderie funeste !
LE COMTE, revenant à elle. Maintenant que cette chambre est close, acceptez mon bras, je vous prie ; (il élève la voix) et quant à la Suzanne du cabinet, il faudra qu'elle ait la bonté de m'attendre ; et le moindre mal qui puisse lui arriver à mon retour...
LA COMTESSE. En vérité, monsieur, voilà bien la plus odieuse aventure...
Le Comte l'emmène et ferme la porte à la clef.
LE MARIAGE DE FIGARO - Pierre Augustin CARON de BEAUMARCHAIS > SCÈNE 14
Scène 14
SUZANNE, CHÉRUBIN
SUZANNE sort de l'alcôve, accourt vers le cabinet et parle à travers la serrure. Ouvrez, Chérubin, ouvrez vite, c'est Suzanne ; ouvrez et sortez.
CHÉRUBIN sorti. Ah ! Suzon, quelle horrible scène !
SUZANNE. Sortez, vous n'avez pas une minute.
CHÉRUBIN, effrayé. Eh, par où sortir ?
SUZANNE. Je n'en sais rien, mais sortez.
CHÉRUBIN. S'il n'y a pas d'issue ?
SUZANNE. Après la rencontre de tantôt, il vous écraserait, et nous serions perdues. - Courez Conter à Figaro...
CHÉRUBIN. La