Sortie de la religion et violences religieuses, Marcel GAUCHET (émission France Culture)

« Désenchantement du monde » définit par Max WEBER comme la disparition de la magie comme technique de salut.
Cette dynamique traverse l’occident depuis la naissance du christianisme, cette dynamique qui porte l’occident à s’émanciper progressivement du gouvernement des hommes par les dieux, la sortie de la religion. La religion était un mode d’organisation d’ensemble des communautés humaines, elle est devenue simple croyance, conviction personnelle.

Les agressions terroristes au nom de l’islam ne sont intelligibles que dans le cadre du processus difficile et conflictuel de la sortie de la religion. Elles ne procèdent pas d’un mystérieux retour du religieux qui viendrait démentir les progrès de la sécularisation que nous avions coutume d’associer a la modernisation. Elles relèvent de réactivation violente d’un religieux primordial suscité par la pénétration et l’avancée du processus de sortie de la religion qui est devenue planétaire a la faveur de la mondialisation. Si la mondialisation nous jette tous dans la même histoire c est a partir d’histoires profondément différentes.
Pour l’occident la religion consiste en des croyances métaphysiques individuelles assises sur le sentiment et relatives aux destines humaines au delà de la sphère visible. Croyances éventuellement mais pas nécessairement associées a des conduites rituelles et cultuelles.
Dans l’histoire ce fut une manière d’être complète des sociétés, une façon pour elle de se définir et s organiser. Ce fut un mode de structuration des communautés humaines selon l’altérité sacrale.
La structuration religieuse consiste dans une organisation des sociétés dans le temps. Sous le signe de l’obéissance au passe, le passe fondateur sous le signe de l’assujettissement aux origines, de la dette envers les modèles ancestraux, bref de la soumission a la tradition. La structuration consiste dans un type de pouvoir réfractant la