manon lescaut
De tout temps, dans les tragédies, et plus particulièrement au XIXème siècle grâce aux mouvements littéraire du réalisme et celui du naturalisme, certains personnages apparaissent, dans un roman ou une pièce de théâtre, tels qu’ils seraient s’ils existaient dans la réalité, avec leurs qualités et leurs défauts. On peut donc se demander si le fait de montrer les faiblesses de ces personnages conduit nécessairement le lecteur à les mépriser. En d’autres termes, le fait d’insister particulièrement sur les faiblesses d’un personnage oblige-t-il le lecteur à ne pas apprécier ce dernier au point de le trouver méprisable, voire parfois détestable ? Dans un premier temps, on se demandera pourquoi, le fait de montrer les faiblesses d’un personnage peut le rendre méprisable, puis, pourquoi, au contraire, ses faiblesses peuvent le rendre plus attachant ou véritable.
La dramatisation du récit : elle entraîne le lecteur malgré lui dans l'adhésion complice. Des Grieux est un admirable conteur. Toutes les péripéties du roman d'aventures se trouvent réunies et contées de manière alerte (évasions, enlèvements, meurtres, et jusqu'au voyage final en Amérique). Ces rebondissements perpétuels qui resserrent progressivement la narration en la rendant plus haletante, entraînent le lecteur et engourdissent son jugement moral. Des Grieux est en outre incomparable dans l'art de la prolepse. Lorsqu'il assure par exemple : « Je n'eus pas le moindre soupçon du coup cruel qu'on se préparait à me porter », le lecteur est mis dans une situation de tension et d'attente qui le prépare aussi à excuser un héros si constamment victime ! Ces prolepses n'empêchent d'ailleurs pas le narrateur d'user aussi de toutes les ressources de la focalisation interne pour faire état, comme après coup, d'événements qu'il ne soupçonnait pas : des "je fus étonné", "ma consternation fut grande" etc. émaillent souvent le récit, et l'on pourra se référer au passage où, dans sa prison, Des