L’Abbé Prévost est un homme qui a marqué la première moitié du XVIIIème siècle. Connu pour son œuvre L’Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut écrit en 1731 jugé scandaleuse et condamné à être brûlé. Ce roman fut corrigé par son auteur. C'est en effet le septième et dernier volet des Mémoires d’un homme de qualité. Le Chevalier des Grieux nous raconte sa propre histoire : celle de sa relation passionnée et désordonné avec la belle Manon. Dans le passage étudié, c’est la première rencontre entre Des Grieux et Manon, qui va bouleverser la vie du personnage en le faisant renaitre et faire voler en éclat les cadres sociaux. Nous pourrons donc nous demander en quoi ce récit est-il caractéristique d’un roman d’amour ? Nous verrons en premier lieu un récit mémoire tragique, puis nous aborderons le coup de foudre qui frappe en plein cœur.

I. Un récit mémoire tragique
A. Un plaidoyer qui évoque des souvenirs
• L’emploi du « Hélas ! » montre un certain remord à travers le jugement qu’il porte sur son aveuglement passé, qui laisse à présager une fin malheureuse : Des Grieux « n’avait jamais pensé à la différence des sexes », « ni regardé une fille avec un peu d’attention ».
• Excuses sur sa vie antérieur et sur ses intentions : « Nous n’avions d’autre motif que la curiosité » ; « J’avais marqué le temps de mon départ » ; « Moi dont tout le monde admirait la sagesse et la retenue ».
B. Une rencontre inattendue
• La rencontre se fait dans un lieu banal, elle se déroule dans la rue entre « l’hôtellerie d’Amiens » et le « coche d’Arras ». Lors de cette rencontre, les personnes disparaissent autour d’eux. Il ne reste plus que Manon. Cela entraine une atmosphère romanesque. La rencontre est donc complète : l'esprit et le physique sont dévoilés entre les deux personnages
• Des indices de temporalités : récit écrit à la première personne du singulier. C’est donc un récit subjectif : on a ici le point de vue de des Grieux.
• Le passé simple donne une impression