1. Introduction Soleil de la chaleur vivifiante, ou lumière trop ardente; Soleil joyeux des aubes heureuses, ou voilé et proche encore des grands orages. L'on se rend vite compte, toutefois, en lisant le roman de Kourouma, que les soleils des indépendances ne sont pas entièrement bénéfiques et paisibles. «... les soleils des Indépendances, disent les Malinkés » (p. 9) : l'on devine quelque ironie dans la formule. Il y avait bien, pour les Anciens, les soleils des harmattans, et il fallait s'en méfier ; ceux des indépendances ne sont-ils pas plus inquiétants, surtout lorsqu'on s'appelle Fama et qu'on est le dernier descendant d'une race qui a régné sur les Malinkés ? « Fama Doumbouya ! Vrai Doumbouya, père Doumbouya, mère Doumbouya, dernier et légitime descendant des princes Doumbouya du Horodougou...» (p. 11). Titre de gloire, sans doute, dans une société qui, comptant les lunes plus que les soleils, consultant les griots (sorciers) et les marabouts plus que les gouverneurs coloniaux et croyant en la magie des rites sacrificiels plus qu'en la vertu de la science, vivait fidèle à elle-même et consciente, du moins, de son identité profonde, sous la domination d'Allah. Mais l'ère des indépendances et du parti unique n'a cure des princes Doumbouya, des présages, et de tout ce qui fait qu'un Malinké est un Malinké. Fama, c'est le héros des Soleils des Indépendances : c'est son histoire qui est narrée, son drame que nous suivons jusqu'à sa mort. Mais Fama, avec toutes ses faiblesses et tous ses rêves, est un authentique héros tragique, dans la mesure même où toute une société riche de traditions, de rites et de rêves, meurt avec lui. Ainsi ce roman, qui aurait pu n'être qu'un récit pittoresque de la négritude ou une chronique de la décolonisation, ce roman rejoint, au-delà des particularismes régionaux, l'universelle condition humaine. 2- ETUDE DU THEME
a) description DE FAMA