Mafia russe
Les origines de la mafia russeL'Union Soviétique est exemplaire d'une société sans argent. C'est une expérience que devraient méditer ceux qui fustigent le "fric tout puissant". Ils découvriraient comment circulent les biens à l'échelle d'un pays lorsque les relations marchandes y sont interdites. L'argent ne comptait pas dans la société soviétique pour trouver un logement, étre traité humainement à l'hôpital, obtenir une voiture, mettre ses enfants dans une bonne école, partir en vacances dans une villégiature agréable … Il fallait avoir " des protections ". L'argent affranchit celui qui en possède, si peu que ce soit. Dans la société soviétique, chacun était en permanence sous la dépendance d'autrui. Seul un réseau de personnes bien placées permettait d'obtenir les petits plaisirs de la vie (étre avisé à temps de l'arrivée de chaussures dans un magasin) comme de réaliser ses grandes espérances (faire entrer un enfant à l'université). Le favoritisme était si bien inscrit dans les mœurs soviétiques que le Code pénal contenait méme une peine intermédiaire entre l'amende et la prison, qui était " l'exil intérieur ". Si attachés que nous soyons à notre lieu de résidence, et méme en tenant compte de l'immensité de l'ancienne URSS et des différences de climat, nous avons du mal à imaginer que ce puisse étre un chàtiment pour des délinquants que d'étre seulement condamnés à déménager dans une autre ville. C'est oublier que l'exilé dans sa nouvelle résidence a perdu son réseau et qu'il faut des années pour le reconstituer. Au sein méme de la société la plus intégrationniste qui soit, il devient un exclus, un " ostracisé ". Entre le gratin des apparatchiks, qui tenaient tous les privilèges de leur fonction, et les parasites sociaux qui avaient fait le choix de s'en passer, la vie n'était tolérable pour l'immense majorité de la population qu'avec la protection de gens bien placés et vénaux.
Les historiens