Madame du châtelet
Passionnée par l’étude mais longtemps décriée par ses contemporains, la marquise du Châtelet (1706-1749) fut une femme d’exception dans son siècle, autant sur le plan personnel que sur la diffusion de la science. Cette « femme des Lumières », maîtresse de Voltaire, chercha dans tous ses ouvrages à incorporer les travaux de ses aînés afin d’aider un large public à saisir les subtilités et les difficultés des textes scientifiques. Elle demeure, autant sur le plan de sa vie personnelle que sur celui de son œuvre intellectuelle, une icône de l’émancipation féminine.
Issue d’une famille aisée, Gabrielle Émilie le Tonnelier de Breteuil avait pour père le baron de Breteuil, introducteur des ambassadeurs de Louis XIV. Cette situation le plaçait au cœur des activités de la Cour, ce qui permit à sa fille de bénéficier d’une initiation sociale privilégiée. Éduquée par des précepteurs, Émilie se montra vite très douée pour les langues, les mathéma- tiques et les sciences. À douze ans, elle lisait, écrivait et parlait couramment l’allemand, le latin et le grec et passait la majeure partie de son temps dans sa chambre à étudier. Elle aimait également la danse, jouait du clavecin, chantait de l’opéra, faisait du théâtre. Introduite à la Cour à l’âge de seize ans, Émilie fut émerveillée par les extravagances de cette vie et les trouva vite à son goût. À dix-neuf ans, elle épousa le marquis du Châtelet. Après avoir eu trois enfants, ils décidèrent de vivre séparément. Ses divers amants l’encouragèrent à étudier la physique et les mathématiques pour lesquelles ils lui reconnaissaient des aptitudes particulières. Comme les femmes n’avaient pas accès à l’enseignement supérieur, Émilie loua les services de profes- seurs qui lui