Machin chose
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VOYAGE
.adieu
Déjà ma barque fugitiveAu souffle des zéphyrs trompeurs,S’éloigne à regret de la riveQue n’offraient des dieux protecteurs.J’affronte de nouveaux orages ;Sans doute à de nouveaux naufragesMon frêle esquif est dévoué ,Et pourtant à la fleur de l’âge,Sur quels écueils, sur quels rivagesN’ai-je déjà pas échoué ?Mais d’une plainte témérairePourquoi fatiguer le destin ?A peine au milieu du chemin,Faut-il regarder en arrière ?Mes lèvres à peine ont. goûtéLe calice amer de la vie,Loin de moi je l’ai rejeté ;Mais l’arrêt cruel est porté,Il faut boire jusqu’à la lie !Lorsque mes pas auront franchiLes deux tiers de notre carrière,Sous le poids d’une vie entièreQuand mes cheveux auront blanchi,Je reviendrai du vieux BissyVisiter le toit solitaireOù le ciel me garde un ami.Dans quelque retraite profonde,Sous les arbres par lui plantés,Nous verrons couler comme l’ondeLa fin de nos jours agités.Là, sans crainte et sans espérance,Sur notre orageuse existence,Ramenés par le souvenir,Jetant nos regards en arrière,Nous mesurerons la carrière,Qu’il aura fallu parcourir.
Tel un pilote octogénaire,Du haut d’un rocher solitaire,Le soir, tranquillement assis,Laisse au loin égarer sa vueEt contemple encor l’étendueDes mers qu’il sillonna jadis.
Oui, j’ai quitté ce port tranquille,Ce port si longtemps appelé,Où loin des ennuis de la ville,Dans un loisir doux et facile,Sans bruit mes jours auraient coulé.J’ai quitté l’obscure vallée,Le toit champêtre d’un ami ;Loin des bocages de Bissy,Ma muse, à regret exilée,S’éloigne triste et désoléeDu séjour qu’elle avait choisi.Nous n’irons plus dans les prairies,Au premier rayon du matin,Egarer, d’un pas incertain,Nos poétiques rêveries.Nous ne verrons plus le soleil,Du haut des cimes d’ItaliePrécipitant son char vermeil,Semblable au père de la vie,Rendre à la nature assoupieLe premier éclat du réveil.Nous ne goûterons plus votre ombre,Vieux