Lsonge de vercours
Mélina Malo
La littérature, parce qu’elle est un acte de communication, possède un pouvoir de persuasion. Dans un contexte comme celui de la résistance littéraire, elle permet de lutter contre l’indifférence. Pour l’écrivain engagé, l’écriture est un moyen d’informer le lecteur, de le sensibiliser et ultimement de l’inciter au changement. Nous nous proposons d’étayer ces réflexions en nous appuyant sur Le songe1
, une nouvelle écrite par Vercors en 1943. Jean
Bruller, dit Vercors, l’un des fondateurs des Éditions de Minuit, s’est beaucoup engagé dans la résistance littéraire française pendant la Deuxième Guerre mondiale. En 1943, après qu’un ami rescapé du camp d’Oranienburg lui eut fait le récit de son expérience concentrationnaire, Vercors s’est mis à écrire Le songe. À travers le rêve d’un homme plongé dans un univers cauchemardesque, cette nouvelle expose une des premières descriptions des camps de concentration nazis2
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En écrivant Le songe, Vercors s’oppose à l’indifférence de l’être humain vis-à-vis de la souffrance des autres :
Si l’on cherche pourquoi, d’où vient cette gigantesque dégradation de la conscience humaine, on en trouvera la source sanglante dans les images de ce livre. Dans ces images sans nom que nous en sommes arrivés à pouvoir regarder sans hurler de colère et de désespoir, sans perdre la faim et le sommeil, sans d’irrépressibles sanglots, sans égarement, sans remords3
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Pour Vercors, l’écriture est un moyen d’éveiller les consciences qui sommeillent. Cette idée selon laquelle l’esprit de l’individu est à l’état de veille revient fréquemment dans les propos de Vercors. Dans La bataille du silence, l’auteur explique : « De ses atrocités du moins, je ne pouvais plus douter. […] Je ne pouvais que les corner aux oreilles des dormeurs4
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