loisir
Une main dans la poche de son pantalon de toile beige, surmonté d'un pull à col en V et d'une veste de velours noir, Jean Sarkozy répond à la nuée de journalistes qui l'entoure. Il a le verbe facile et la voix posée de celui que rien n'ébranle. Ce 18 novembre, les Neuilléens tiennent réunion au cinéma Le Village dans le cadre de la campagne pour la présidence de l'UMP. En attendant les premiers discours, le fils doré devise au pied de l'estrade face aux caméras et aux micros. Il navigue entre langue de bois et habile esquive. Cette campagne interne ? "Elle est de très bonne tenue." Quel candidat soutient-il ? "C'est l'évidence, non ?" Vient la question du mariage pour tous, que son père s'est récemment piqué d'abroger. "Je ne répondrai pas, sourit- il. Je ne suis pas obligé de tomber dans tous les pièges que vous me tendez."
Jean, 28 ans, est à son aise. Peu lui importe de retarder le début de la réunion. Il parle, discute, répond inlassablement à chaque interrogation. Il n'entend même pas les premières interpellations qui descendent de la salle. "Allez, Sarko, assis !" lance une tête grise, dressée sur son fauteuil rouge. Une autre : "C'est bon, Sarko, ça suffit !" Car ce soir, ce n'est pas le nom de Sarkozy qui figure en haut de l'affiche, mais celui de Bruno Le Maire. L'ancien ministre de l'Agriculture de son père, aujourd'hui devenu son impitoyable concurrent, patiente dans les coulisses. A son arrivée, il est contraint de faire contre mauvaise fortune bon cœur.