Loeuvre drat est telle un moyen de communiquer
Devant une œuvre d'art qui nous touche, nous ressentons des émotions fortes qui semblent nous être communiquées par l'œuvre : tout se passe comme si la tristesse du compositeur se transmettait à nous par l'intermédiaire du morceau de musique mélancolique. Sans doute même faut-il aller plus loin : les œuvres d'art ne manquent pas, qui semblent véhiculer un message, défendre une thèse sur le monde, exprimer une indignation, en sorte qu'elles sont d'emblée par nous interprétées comme étant autant de moyens de communiquer. Mais que s'agirait-il de communiquer ? Une émotion, un sentiment, une opinion ? Car, si Goya avait eu pour seul but de dénoncer les violences faites par les armées napoléoniennes en Espagne, n'aurait-il pas été plus efficace et plus clair d'écrire sur le sujet un livre ou un article de journal, plutôt que de peindre un tableau dont le sens n'est jamais univoque et évident ?
Au reste, nous autres modernes nommons « œuvres d'art » des objets très hétéroclites : une symphonie de Mozart, un poème de Baudelaire, une cathédrale gothique, un masque dogon, voire même une peinture préhistorique. Certains de ces objets ont un auteur connu et identifié, d'autres non ; pour certains même, l'intention qui a présidé à la réalisation de l'œuvre nous est difficilement connaissable, voire tout à fait inconnaissable (pourquoi peignait-on les grottes à Lascaux ?) ; la plupart n'étaient pas, en leur sens originel, des objets d'art (la notion de beaux-arts elle-même est tardive et date du xviiie siècle), puisqu'il s'agissait souvent d'objets symboliques associés à des cultes religieux.
Mais alors, est-il si certain que l'œuvre d'art soit un moyen de communiquer ? Tout naturellement, nous avons tendance à faire de l'œuvre un intermédiaire ou medium entre l'artiste et le spectateur, l'objet d'art servant de « pont » entre ces deux sujets : toute communication réclame en effet un émetteur, un récepteur, un message et un code. L'émetteur, c'est l'artiste ; le