Lleuwen-stendhal
Cette scène de première rencontre serait traditionnelle et sans originalité particulière si l’auteur ne lui faisait pas prendre un tour inattendu.
Aussi, après avoir étudié dans un premier temps le cadre de la rencontre et ses différentes significations, nous verrons le rythme de la scène et notamment le jeu des temps, avant d’analyser dans une dernière partie le déroulement de cette première rencontre et le traitement particulier que lui réserve Stendhal.
Le cadre réaliste n’est pas sans incidence sur la surprise qu’éprouvera le lecteur à la fin de l’extrait. En effet, la réalité des lieux, leur banalité n’annonce rien d’extraordinaire. Aussi nous laissons-nous « porter » par l’histoire. Il est clair que le héros n’apprécie pas Nancy, sa nouvelle ville de garnison. L’importance des termes dépréciatifs nous le prouve : « Les murs écorchés et sales des maisons de Nancy, la boue noire, … le méchant pavé… » (L8 à 10) ; « une grande maison, moins mesquine que celles devant lesquelles le régiment avait passé jusque là … » (L1-2). Ce sont eux aussi qui permettront de mettre en évidence l’apparence différente et positive de la maison, et de la jeune femme « c’était une jeune femme blonde qui avait des cheveux magnifiques et l’air dédaigneux : elle venait voir défiler le régiment… » (L6-7). C’est grâce à ce contraste que Lucien la remarque. Tout cela concourt à créer un effet de réel relativement banal. Aussi ne sommes-nous guère étonné lorsqu’une pause dans le déroulement de l’action intervient : « Un embarras sous une voûte, au bout de la rue, avait forcé le régiment à s’arrêter. » (L11). C’est pourtant à cause de cette pause que le héros se prend à rêver à la jeune femme