Littérature comparée
On pourrait dire précisément de la littérature comparée qu'elle est la discipline des passages : passage d'un pays à l'autre, d'une langue à l'autre, d'une forme d'expression à une autre. Cette mobilité essentielle évite aux recherches comparatistes la tentation d'une exhaustivité impossible. Au risque accepté, et bien souvent conjuré, du survol.
1. Une discipline contestée
• La littérature comparée « à la française »
« Littérature comparée » : ce « petit monstre lexicologique », comme l'ont écrit Claude Pichois et André-Michel Rousseau, est une création française qui remonte au début du XIXe siècle. C'était alors la mode de comparer, – la grammaire, la géographie, l'anatomie, l'érotique –, pourquoi pas la littérature ? L'expression est passée de François Noël à Abel-François Villemain et à Jean-Jacques Ampère. Sainte-Beuve lui-même parlait d'« histoire littéraire comparée ». Mais il n'existait pas encore de professeurs de littérature comparée : Claude Fauriel ou Frédéric Ozanam, Philarète Chasles ou Edgar Quinet enseignaient plutôt les « littératures étrangères ».
Il revient au XXe siècle d'avoir fait entrer officiellement la littérature comparée à l'Université : après Joseph Texte (pionnier de la discipline, auteur d'un grand travail sur Jean-Jacques Rousseau et les origines du cosmopolitisme littéraire), Fernand Baldensperger devait véritablement fonder la littérature comparée et l'introduire à la Sorbonne, où une chaire fut