lillusion
L'illusion est un triste bonheur, une condition fausse et aliénante. La révélation de la vérité, au contraire, est libératrice, et nous fait accéder à un "gai savoir". L'illusion, l'étymologie nous le révèle, désigne une apparence trompeuse, une apparence flatteuse dont nous sommes les victimes, en principe consentantes : illudere, en latin, c'est « se jouer (de), se moquer (de) » (c'est un dérivé de ludere, « jouer » — qui donne le français ludique). Etre dans l'illusion, c'est donc être le jouet d'une apparence, et cela non sans délectation, non sans une certaine impression de bonheur. Mais, au sens strict, l'illusion, pour parler familièrement, se fiche de nous ! Platon a d'ailleurs bien pris soin, au début de son récit, de nous préciser que ces hommes sont prisonniers depuis leur naissance : ils n'ont rien connu d'autre, et c'est pourquoi ils sont satisfaits de leur sort. Ils sont enchaînés au point de ne pouvoir tourner la tête, et pourtant cette condition leur paraît confortable.
II.
Le combat contre les illusions et le savoir comme condition de la conception du bonheur réel
Il faut alors chercher une solution à cette indétermination du concept de bonheur, et une des solutions peut consister en un effort de connaissance adéquate du réel comme servant de base à la recherche de la vie heureuse, même dans ses aspects les plus sombres. Le bonheur est alors solidement conçu en parfaite adéquation avec le monde, tout risque de désillusion est supprimé. Il s'agit de modifier son rapport au monde plutôt que la construction mentale de celui-ci, de manière à être à la fois dans un rapport de vérité avec lui, et dans un rapport de construction pleinement consciente avec le bonheur. Marc Aurèle, Pensées « Ils se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers, montagnes : toi aussi, tu te livres d'habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c'est là le fait d'un homme ignorant et inhabile, puisqu'il t'est permis, à l'heure que tu veux, de te