Liii - l'invitation au voyage - charles baudelaire
Mon enfant, ma sœur, Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds,
La splendeur orientale, Tout y parlerait À l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ; C’est pour assouvir Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde. – Les soleils couchants Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière, D’hyacinthe et d’or ; Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Charles Baudelaire, “L’invitation au voyage”, LXXVIII, Les Fleurs du mal, 1857
LIII – L’invitation au voyage – Charles Baudelaire
Baudelaire, poète français, écrit les fleurs du mal en 1857. « L’invitation au voyage » est un poème tiré de la première section de recueil « Spleen & Idéal » qui montre l’oscillation du poète entre deux tentations opposées. Ce poème montre plutôt l’aspiration vers l’idéal et il fait partie du cycle amoureux de Marie Dubrun, l’amour « artiste ». Le poète témoigne d’une phase d’apaisement.
En quoi ce texte exprime-t-il l’idéal Baudelairien ? I. Une invitation amoureuse
1) Un poème adressé à une femme
- « Mon enfant, ma sœur »
- Impératif –> « songe »
- « te », « tes »
2) Evocation de la femme
- Inspiré de Marie Dubrun
- Elle apparaît comme une figure ambivalente