Lettres persanes
Green ou d’Adam continue à peser sur la partie romanesque des Lettres.
Comme si la réflexion ou la théorie participaient à une espèce de dignité à laquelle n’aurait pas tout à fait accès la fiction, l’attention des lecteurs nous semble s’être portée très régulièrement, – et souvent avec quel bonheur! – sur le problème de la signification des aventures d’Usbek et de son sérail, mais avec beaucoup moins d’insistance sur le détail de l’invention et de la construction romanesques. La démarche que nous nous proposons de suivre vise donc, dans un premier temps, à combler quelques lacunes: en mettant provisoirement entre parenthèses normes ou références au discours théorique par rapport auxquelles les Lettres persanes apparaissent aux uns comme un «mauvais roman», aux autres comme un roman «réussi», nous essaierons de voir simplement comment, dans ce livre, s’organise ou fonctionne la fiction. Les limites imposées à notre étude ne nous permettent évidemment guère que l’exploration de quelques pistes parmi d’autres. Mais même restreinte à tel ou tel domaine – comme par exemple celui du temps romanesque dans ses rapports avec le temps historique –, cette approche clinique, parfois microscopique, du roman considéré dans sa seule positivité textuelle ne va pas sans nous réserver certaines surprises.
Dans quelle mesure nous apportera-t-elle des éléments susceptibles de modifier ou tout au