Lettre
Maurice Vaillagou le 8 avril 1915
8 allée des Bleuets Paris
Cher père,
Je m'empresse de répondre à ta lettre qui nous est parvenue ce samedi avec bien du retard. Ces semaines sans toi sont difficiles, tu me manques énormément et j'espère que ta permission ne va plus tarder car j'ai plein de choses à te raconter, des choses que l'on ne dit qu'a son père. Tu sais ce qui me ferait plaisir ? Ce serait que tu me traces le plan des lignes de combats , afin que tu me montres l'endroit où tu passes, malgré toi, tes journées. J'aimerais aussi que tu me ramènes des balles allemandes, on dit que c'est de la camelote. Mais est-ce bien vrai ? En tout cas c'est ce que disent les journaux . Si tu trouves un casque Prussien, je serai ravi que tu me l'apportes. Mon professeur d'histoire nous en a montré un en photo, et je les trouve très jolis, en tout cas plus jolis que les simples képis français.
Ici la vie est mouvementée, l'entreprise n'est pas prête de faire faillite avec toutes les commandes que nous avons, maman rentre de plus en plus tard et c'est moi qui dois faire la lecture à Raymond. D'ailleurs ça y est, Raymond sait lire ! Mais ne lui dit pas que je te l'ai dit, il voulait te l'apprendre lui-même.
Maman et moi avons beaucoup rit l'autre jour, nous sommes tombés par hasard sur un carton contenant tous les poèmes que tu lui avais écrit quand vous vous êtes rencontrés. Te souviens-tu de celui-là : «