Le 14 septembre 1904 À l’adresse de Monseigneur Bruchési, archevêque de Montréal, Je vous fais parvenir cette missive, car je crois qu’il est de mon devoir de vous informer d’un incident qui est survenu dans ma salle de classe la semaine dernière. Je me nomme Alexandra Des Groseilliers et je suis enseignante à l’école Sainte-Marthe. Il y a quelques jours, je suis tombée sur un roman écrit par Rodolphe Girard intitulé «Marie Calumet» et après en avoir lu un court extrait, je me suis rendu compte qu’il était inconcevable qu’un tel ouvrage se retrouve entre les mains d’un de mes élèves. En effet, non seulement l’auteur se moque-t-il outrageusement de l’élite catholique en exagérant la richesse d’un évêque, mais il accentue également la naïveté du peuple, donnant ainsi l’image d’un clergé superficiel se souciant peu du tiers état. En premier lieu, l’auteur de «Marie Calumet» évoque la richesse du prélat de manière ironique ce qui amène un regard dégradant sur la religion catholique. Cette ironie se manifeste d’abord lorsque l’on décrit les bijoux de Monseigneur : «Alors, levant la main enrichie de l’améthyste grosse comme une noix, […].» (p.30, l.3) Cette comparaison fait un lien entre l’améthyste de l’évêque qui symbolise la richesse et une noix, plutôt synonyme de pauvreté, qui pourrait plus vraisemblablement appartenir aux gens du peuple. Cette façon ironique de faire passer monseigneur pour un être supérieur et du même coup arrogant est très irrespectueuse envers ce dernier. Mais monsieur Girard ne s’est pas arrêté là; on retrouve un peu plus loin un passage encore plus ignoble : «Prenant religieusement dans ses bras le vase de nuit, comme une aiguière de prix, elle allait en vider l’or brunit […].» (p.32, l.4-5) La métaphore qui caractérise l’urine de l’évêque d’«or brunit» n’est nulle autre qu’une seconde allusion à la richesse démesurée de l’homme. L’auteur exagère le pouvoir du clergé en renforçant sa richesse de manière démesurée ce qui