Les tragiques d'aubigné
Qui est, entre ses bras, de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tétins nourriciers ; puis, à force de coups
D'ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnait à son besson l'usage ;
Ce voleur acharné, …afficher plus de contenu…
Isaac préférait Esaü, né le premier, alors que Rebecca préférait Jacob. Esaü était destiné à succéder à Isaac en tant que père fondateur du peuple juif. Mais un jour, de retour des champs épuisé et assoiffé, il cède son droit d’ainesse à son frère en échange d’un plat de lentilles. Ainsi Jacob sera finalement béni par son père pour lui succéder, éveillant la jalousie de son frère Esaü qui avait oublié sa …afficher plus de contenu…
Pour signifier son engagement, D’Aubigné utilise le pronom personnel « je », c’est même le premier mot du poème en question. De plus, l’emploi du verbe modal de volonté « Je veux peindre » au vers 1, prouve que l’auteur est déterminé. Le poème est écrit en alexandrins, ce qui crée un rythme solennel, une isométrie qui fait penser aux tambours ou aux pas d’une armée : le poète est comme un soldat engagé. Mais, D’Aubigné est surtout protestant et ainsi il estime que les catholiques sont responsables de ces guerres. On peut deviner un portrait à charge contre Esaü accusé d’actes malveillants : il « viole l’asile de ses bras », il « fait dégât du doux lait », il souhaite « arracher à son frère la vie ». La périphrase « ce voleur acharné » et l’hyperbole « le plus fort, orgueilleux » au vers 3 présentent Esaü comme le coupable. Dès lors, l’affection du poète va pour les protestants qui se défendent à juste titre: