Les m moires de la guerre depuis 1945
En France entre 1945 et 1958 les mémoires de la seconde guerre mondiale sont plutôt désunies. Pour l'ensemble des forces issues de la Résistance, la priorité, au lendemain de la guerre, est de rétablir l'unité nationale et la puissance de la France. Il convient de faire oublier la défaite de 1940 et l'existence du régime de Vichy, une fois ces principaux responsables condamnées. Il y a deux mémoires dominantes. En effet au-delà de leurs divergences politiques, gaullistes et communistes enracinent, après la guerre, le culte d'une France massivement résistance. Cette mémoire gaulliste privilégie la dimension militaire de la Résistance et tend à minorer la part prise par les alliés dans la libération du pays. Le PCF récupère quant à lui les traditions patriotiques de la gauche française et cherche à faire oublier son approbation du pacte germano-soviétique en 1939. Dans les années 1950, il exploite le ressentiment germanophobe pour s'opposer à la communauté européenne de défense. Le retour des survivants de la Shoah a suscité beaucoup d'émotion. Ceux ci qui, dès cette époque veulent témoigner, se heurte à une société qui est peu réceptive à l'évocation de leur souffrance. La mémoire juif est ainsi occultée ou confondue dans le souvenir global de la déportation. De plus, la multiplication des associations rend plus difficile la formation d'une mémoire unitaire de la guerre. Les débats sur l'amnistie provoquent de vives tensions politiques. La droite vote contre la gauche deux lois d'amnistie qui, en 1951 et en 1953, libèrent la plupart des personnes encore détenues depuis la guerre. La polémique sur ces lois rebondit en 1953 à l'occasion du procès de 21 membres de la division SS jugés en France pour le massacre des 642 habitants d'Oradour-sur-Glane. Parmi les accusés, figuraient 12 «malgré nous» alsaciens qui ont été condamnés, mais aussitôt amnistiés. La IV république a ainsi souvent