Après la prise de Troie, les vainqueurs se partagent les captives. Trois seulement ne sont pas soumises aux chances du sort : Agamemnon s'est réservé Cassandre, la prêtresse d'Apollon, pour laquelle il a conçu un violent amour ; Polyxène est destinée à un sacrifice offert aux mânes d'Achille; et Andromaque est donnée à Néoptolème, avec son fils Astyanax; mais bientôt les Grecs réclament le fils d'Hector, et exigent, pour satisfaire leur vengeance, qu'il soit précipité du haut des murs de Troie. Hécube est échue par le sort à Ulysse. Hélène elle-même, que Ménélas a retrouvée, est confondue parmi les captives, et son époux veut la punir par le dernier supplice de son infidélité, et des maux qu'elle a faits aux Grecs. La destinée de chacun de ces personnages forme le sujet de la pièce, terminée par l'embrasement d'Ilion, que les Grecs livrent aux flammes, avant de monter sur leurs vaisseaux pour retourner dans leur patrie. L'action des Troyennes est antérieure à l'action d'Hécube; cependant on ne peut pas dire que la seconde pièce soit une suite de la première ; car, dans les Troyennes, Polyxène est déjà Immolée sur le tombeau d'Achille, et l'on sait que le sacrifice de Polyxène fait le sujet de la première moitié d'Hécube. La conduite de la pièce ne serait pas à l'abri de la critique, en la considérant du point de vue de la tragédie française, qui recommande comme une loi inviolable l'unité d'action, et qui défend de disperser l'intérêt sur plusieurs personnages. Ici, en effet, il n'y a pas, à proprement parler, une action dramatique, avec un nœud et un dénouement ; c'est plutôt une succession de tableaux divers, une suite de scènes pathétiques, relevées par un spectacle noble et touchant. On ne saurait dire toutefois qu'il y manque absolument celte unité indispensable à tout ouvrage de l'art : Hécube est le point central sur lequel tout se réunit; toutes les misères de Troie sont en quelque sorte personnifiées en elle; les douleurs s'accumulent sur sa tête à mesure