Les trois mondes de l'etat providence
L’auteur distingue trois types d’État-providence : conservateur, libéral et social-démocrate.
L’État-providence conservateur ou corporatiste repose sur des droits sociaux différenciés et segmentés « en programmes distincts, fondés sur le travail et le statut ». On en trouve l’ébauche chez Napoléon lll et Bismarck qui veulent ainsi affaiblir le mouvement ouvrier, en le divisant et en associant des privilèges particuliers à des types d’emplois spécifiques. (Mentionnons, comme exemple de ce modèle d’État-providence, le régime de pension régalien des employés de la Société Nationale des Chemins de Fer [SNCF], en France.)
L’assistance sociale corporatiste est aussi soutenue par l’Église catholique contre l’individualisme et la compétitivité promus par le marché et contre la lutte de classes défendue par les socialistes. L’Église appuie également les politiques familiales, dont les allocations familiales, qui soutiennent la famille traditionnelle et la femme au foyer.
L’auteur semble aussi assimiler à cette logique le régime de pension des employés de l’État qui relève d’une volonté de démarquer statutairement l’ensemble des fonctionnaires, dont les enseignants, des autres travailleurs.
L’État-providence libéral tend à limiter la protection sociale aux pauvres qui recevront des indemnités fort restreintes et dont le statut est déprécié. Ce type d’État privilégie le marché : la couverture sociale doit être faible afin d’inciter chacun à s’intégrer au marché du travail. Aux États-Unis, ce sont les compagnies, du moins les grandes, qui, dans un processus de négociation, offriront aux salariés des avantages sociaux (en santé ou en régime de retraite) qui relèvent ailleurs de l’État. La « providence » de ce type d’État est résiduel ou marginal dans la mesure où l’État n’intervient que là où le marché a échoué. L’ « Affirmative Action » en éducation et l’ « Equal Opportuny Act »