Les travailleurs sociaux face à la crise
Premiers témoins de la précarisation et des difficultés des usagers, les travailleurs sociaux voient aujourd’hui leur mission complexifiée par le contexte de crise. En résultent des tensions multiples, incompatibles avec le bon exercice de leur fonction. Comment dès lors repenser ce travail social dans les collectivités ?
C’est la crise. Une dette dramatique de l’Etat, un pouvoir d’achat en berne, une précarisation dangereuse... : tous les ingrédients se réunissent pour donner corps à cette assertion. Sur la ligne de front, les travailleurs sociaux des collectivités territoriales se heurtent à ce climat délétère, à travers l’accueil du public en difficulté. Peut-on, pour autant, observer une régression nette depuis 2008 ? Yvan Ferrier, président de l’Association Nationale des Directeurs d’Action Sociale et de Santé des départements (ANDASS) nuance : « Les tensions s’accumulent en fait depuis de nombreuses années ». Tous les travailleurs sociaux interrogés parlent pourtant, à l’unanimité, d’un alourdissement actuel de la situation. Problématiques de logement, expulsions, surendettement des ménages, divorces, paupérisation des 18-25 ans, réduction des places dans les hôpitaux... les problématiques rencontrées par ces agents s’avèrent multiples et exponentielles. Directeur territorial des agences de la Solidarité au CG de l’Hérault, Vincent Locecere témoigne : « De fin 2009 à mi-2010, nous avons constaté une augmentation de 15% des demandes d’aide. Après une stabilisation en 2011, nous notons un nouvel accroissement de 4 à 5% ces mois-ci ». Surtout, parmi ces usagers vulnérables, se nichent depuis peu, de nouveaux visages : les salariés pauvres, qui peinent à boucler leurs fins de mois. Comme l’explique alors Christine Doury-Gadaud, directrice du service « action sociale/santé » au Centre Communal d’Action Sociale (CCAS) de Poitiers (86) : « Il s’agit de Messieurs Tout le Monde, qui renvoient aux agents