Les sources de l’avare
Molière « prenait son bien où il le trouvait ».
Ses premières pièces ont été conçues dans la veine de la comédie italienne, la commedia dell’arte, elle-même inspirée de la tradition latine mais enrichie de jeux de scène outrés.
Pour l’Avare, il a utilisé directement une source latine, une pièce de Plaute, Aulularia (la marmite), qui date d’environ deux cents ans avant Jésus-Christ. Cette réécriture était d’ailleurs bien conforme aux agissements de l’époque préconisés par beaucoup de ses contemporains, à savoir l’imitation des Anciens.
Mais son emprunt est une véritable recréation. En effet, Molière a apporté des éléments nouveaux : le sujet n’est pas exactement le même. Le personnage principal de la comédie de Plaute, Euclion, est un homme pauvre qui a trouvé un trésor enfermé dans une marmite (de là vient le titre de la pièce). Depuis qu’il a découvert ce trésor, il craint de le perdre et d’être volé, aussi ne vit-il plus que dans une angoisse continuelle. Euclion n’est pas un avare par constitution, il l’est devenu par opportunité, avec cette fortune qui lui est échue par hasard. Le trouble qui l’agite en fait un frère du pauvre savetier de la fable de La Fontaine (VIII, 2) plutôt que celui d’Harpagon, bourgeois très riche au cœur asséché par son avarice. La comédie de Plaute est uniquement une comédie d’intrigue, tandis que Molière développe une comédie de caractère et de mœurs. Il peint l’avarice dans le milieu bourgeois du XVIIe siècle, il en montre toutes les conséquences dévastatrices pour la personne, tout le désordre qui en résulte pour la cellule familiale Les traits de caractère de son avare sont d’une vérité humaine si profonde qu’il crée un type. Molière fait donc œuvre originale malgré les quelques scènes qu’il a imitées d’assez près chez Plaute.
L’Avare est aussi inspiré de la tradition des Italiens dans ses jeux de scène, ses personnages comiques ou ridicules comme, ses valets couards ou débrouillards, ses vieillards