Les romanciers, par la description trop exacte de leurs personnages, gênent plutôt l'imagination qu'ils ne la servent et qu'ils devraient laisser chaque lecteur se représenter chacun de ceux-ci comme il lui plaît.
Pour lui, une description excessive des personnages bride l'imagination du lecteur, tout en le privant du plaisir de se les représenter comme il le souhaite. Ce point de vue intervient en réaction à l'excès de descriptions dans les deux courants littéraires du siècle précédent, le réalisme et le naturalisme, dominés par Gustave Flaubert et Emile Zola.
Avant de montrer en quoi les descriptions trop précises des personnages peuvent être nuisibles au roman, il faut d'abord s'intéresser au rôle que celles-ci peuvent jouer dans le schéma narratif, notamment dans la littérature de la seconde moitié du XIXème siècle.
Avec la parution en 1830 du roman de Stendhal, Le Rouge et le Noir, apparaît le mouvement réaliste en France, dont le but est de dépeindre la réalité – souvent populaire – le plus précisément possible, tout en approfondissant la psychologie des personnages. Guy de Maupassant qualifia d'ailleurs le roman réaliste de "vision plus complète que la réalité même".
Ainsi, le protagoniste du Rouge et le Noir, Julien Sorel, est analysé dans les moindres de ses pensées. Ambition, amours et passé sont détaillés à l'aide de descriptions, lesquelles expliquent et justifient les actions de ce héros. Sans celles-ci, le lecteur aurait pu être décontenancé face aux attitudes et à la vie de Julien.
Stendhal dira également que le "roman est un miroir que l'on promène le long du chemin". Alors comment pourrait-on se passer de descriptions si l'on veut représenter la société, elle-même étant