Les parlers jeunes
Les jeunes créent une langue qui leur est propre caractérisée par sa cruauté et par sa productivité lexicale. Ainsi, l’observation des pratiques linguistiques des jeunes au Maroc montre, à travers nos enquêtes de terrain, que plusieurs langues sont utilisées par les groupes identitaires jeunes se manifestant, essentiellement, dans l’alternance codique arabe marocain-français et l’emprunt de l’anglais, du français et même du hindi. À travers le recours au contact de langues, ces jeunes expriment des besoins non seulement communicatifs, mais surtout identitaires.
L’observation directe du phénomène partout au Maroc et la rareté des études qui lui sont dédiées par rapport à d’autres pays, la France entre autre, nous poussent à chercher des éléments de réponse à la question suivante : la dimension bilingue est-elle un élément constitutif du parler des jeunes à Fès?
Nous allons essayer de décrire les manifestations du contact de langues dans les pratiques langagières de jeunes fassis. Nous allons interroger le lien entre le contact de langue et le parler jeune dans la mesure où les frontières entre les langues sont absentes pour des raisons de mobilité, d’ouverture sur d’autres groupes et pour des fins identitaires liées aux représentations linguistiques des informateurs jeunes.
Cette recherche est le résultat d’une enquête de terrain auprès de jeunes informateurs de la ville de Fès (étudiants, délinquants et personnes qui travaillent) dont l’âge varie entre seize et trente ans. Cette enquête a été effectuée au cours de l’année 2011 et 2012. Il s’agit de plus de trois heures d’enregistrement faite dans la maison de l’enquêtrice, dans des cafés et même dans la maison de l’un des informateurs.