Les mots nous apprennent-ils notre propre pensée ?
Au sens courant du terme , un « mot » se définit par un ensemble de sons ou de groupes de sons correspondant à un sens , entre lesquels se distribue le langage . En linguistique , c’est une forme libre douée de sens qui entre directement dans la production de la phrase . Décliné au pluriel , le terme de « mot » désigne plus largement la phrase , la parole , et par extension le langage , exprimant une pensée de façon plus ou moins précise et exacte . La pensée , quant à elle , peut se définir par tout ce qui affecte la conscience , tout phénomène et activité psychique , par la faculté qui prend pour objet la connaissance , ou encore la faculté de juger , de développer et d’exprimer un ensemble de réflexions et d’idées qui caractérise le genre humain de façon distinctive , exclusive , personnelle à chacun d’entre nous . Elle désigne l’activité réfléchie de la raison , un moyen d’accès à la connaissance de soi et des autres , car elle rend capables de se connaître , de savoir qui l’on est , de se découvrir , d’acquérir un ensemble de savoirs par un travail intellectuel ou par l’expérience .
C’est la raison pour laquelle il faut se demander si les mots nous apprennent notre propre pensée . Faut-il pour autant croire que la pensée est inséparable des mots ? Et ne peut-on accéder à la connaissance de soi qu’à travers le prisme du langage ?
N’y a-t-il pas d’autres moyens d’accéder à notre propre pensée ? Quel rapport le langage entretient-il avec notre réalité ? Pour tenter de répondre à ces questions , nous réfléchirons d’abord aux limites des mots lorsqu’il s’agit d’accéder à la connaissance de soi , puis analyserons les rapports indissociables qui lient langage et pensée pour enfin réfléchir aux pouvoirs du langage sur notre pensée .
I – les limites du langage dans l’accès à la connaissance intime
A – La transcendance de la pensée sur les mots Est-il possible de penser en dehors du langage ?