Les Mains libres
Les Mains libres, Man Ray & Paul Eluard
Le recueil des Main libres, publié en 1937, est le fruit d’une collaboration entre le peintre, photographe et réalisateur de films Man Ray (1890-1976) et le poète Paul Eluard (1895-1952). Comme l’indique la première page de l’œuvre, avec « dessins de Man Ray illustrés par les poèmes de Paul Eluard », ce recueil renverse les relations traditionnelles entre texte et image.
Quelle signification peut-on donner aux étranges représentations du corps dans les Mains libres ?
Premièrement, on peut remarquer que la plupart des dessins sont incomplets -> MR semble donc laisser une certaine liberté au lecteur afin qu’il puisse s’imaginer une « suite » au dessin. ex : Narcisse (p. 37) : un corps de femme représenté sans sa tête ; le masque qu’elle tient dans sa main n’affiche pas d’expression particulière, comme si le dessinateur voulait que le lecteur s’imagine sa propre expression en admirant le corps. ex : Brosse à cheveux (p. 108) : un pinceau qui recouvre la partie supérieure du corps – incluant la partie la plus importante qu’est la tête. On peut supposer que la main est en fait celle du lecteur qui, en tenant le pinceau, s’imagine et crée le « reste » de la personne. De plus, le poème évoque plusieurs termes pouvant se référer à la création artistique tels que « affiche » ou « teintures ».
Deuxièmement, on trouve beaucoup des dessins de visages et de corps déformés, inspirant l’angoisse voire la peur, comme si Man Ray cherchait à provoquer le lecteur. Il s’explique en déclarant « On me traita d’humoriste, mais je n’avais nullement l’intention d’être drôle. Je voulais simplement que le lecteur prît une part active à la création. Et le seul moyen de le réveiller de sa stupeur est de détruire par le choc de la surprise cet engourdissement dans lequel il se confine d’habitude. ». ex : Les yeux stériles (p. 58) : la représentation d’une femme dénudée allongée dont le visage semble dénué de toute