Le comportement de la jeunesse a toujours posé de passionnants problèmes aux adultes. Aujourd'hui encore, cinéastes, auteurs dramatiques, conférenciers, parents, ne cessent de les évoquer en termes souvent contradictoires, mais qui offrent cependant ce point commun de n'être jamais indifférents. C'est que les jeunes ne passent jamais inaperçus. Chacun les voit selon son tempérament, avec sympathie ou antipathie. Reconnaissons que la sympathie l'emporte presque toujours. Et c'est bien normal ! Nul ne peut nier ce que la jeunesse apporte de fraîcheur, de générosité, de courage, d'enthousiasme même à une société vieillie dont elle est le ferment rénovateur. Ce sont des lumières qui ne jaillissent d'ailleurs pas sans provoquer certaines ombres : c'est l'opposition aux parents et aux générations antérieures par besoin de s'affirmer, ce que les humoristes appellent aussi le désir de "secouer le cocotier" ; c'est le dénigrement systématique des adultes qu'ils appellent, en commençant par les moins âgés, des "amortis", des "croulants", et enfin les vénérables antiquités des "Son et lumière" ; c'est enfin un goût prononcé pour une pensée à l'emporte-pièce qui méprise les nuances, s'enivre d'absolu, manque d'esprit critique et s'oriente spontanément vers une violence qui, hélas, n'est pas toujours verbale. Nous n'insisterons pas davantage sur les lumières et les ombres de la jeunesse. Cela a été trop souvent dit et répété.
Désirant seulement nous placer à un point de vue plus sociologique que psychologique, nous voudrions montrer que la jeunesse actuelle vit dans des conditions particulièrement difficiles. On a l'impression d'une jeunesse désabusée qui se croit malchanceuse en voyant se dérober sous ses pas impatients la place à laquelle elle prétend. Elle est marquée par un certain déséquilibre, entre ce qu'elle désire et ce qu'elle obtient, entre ce que la société attend d'elle, et les maigres possibilités qu'on lui offre. En un mot, elle se sent réellement malheureuse