Depuis trois ans, l’Observatoire Jeunes et Société (OJS) de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) se donne annuellement un projet de recherche et de réflexion autour d’un thème « transversal ». À cette occasion, les membres de l’Observatoire sont invités à relire et à revisiter leur matériau dans la perspective dégagée par la question adoptée. Cette démarche permet de miser sur l’expertise de chacun dans son champ spécifique tout en favorisant le dialogue entre les spécialités autour d’un sujet commun. Ce chantier de réflexion prend la forme d’une publication collective.
Après les valeurs et le travail, l’Assemblée de l’OJS a choisi pour l’année en cours la question des rapports des jeunes aux spiritualités et aux religions. Le présent document veut solliciter d’éventuelles contributions en précisant les orientations et la perspective proposées.
Éléments contextuels
Au cours des dernières années, différents événements ont provoqué la réémergence de la question religieuse dans les débats publics. Traversant les enjeux liés aussi bien à la situation géopolitique internationale, à l’éducation qu’à la conservation du patrimoine culturel, l’importance de la question religieuse nous invite à revisiter les théories qui avaient annoncé, dans les années 1950, 1960 et 1970, la fin du religieux.
Comme le suggérait Marcel Gauchet dans sa thèse sur le « désenchantement du monde »2, la religion aurait perdu son combat contre le politique, évacuant dès lors la sphère publique pour pénétrer la prétendument étanche sphère privée. Dans la mesure où la culture actuelle carbure à l’exposition publique de la vie privée sous toutes ses coutures, on est en droit de reposer la question de la pertinence de cette étanchéité et de s’interroger sur la conséquence sociale d’une religiosité privée.
Les profondes mutations socioreligieuses qu’a connues le Québec au cours des 40 dernières années ont entraîné une reconfiguration de l’univers de sens des