Les inégalités
Après leurs précédents ouvrages sur les inégalités sociales dans les différents domaines et l’ouvrage de Roland Pfefferkorn sur les inégalités et les rapports sociaux, voici une sorte de synthèse montrant comment les inégalités sociales s’articulent et font système en France. Il ne s’agit pas ici de passer en revue l’ensemble des inégalités vu les contraintes de la collection (128 pages). Par contre, ils illustrent largement leur propos dans les domaines de la santé et du logement. Les inégalités sociales sont bien cumulatives et multidimensionnelles, et elles se déterminent réciproquement dans les ordres de l’avoir, du pouvoir et du savoir (à rapprocher des capitaux économique, social et culturel ainsi que de l’approche wébérienne). A ce titre, la description dans le troisième chapitre de ceux qui ont toujours moins – cumulant pauvreté, précarité et vulnérabilité – et de ceux qui ont toujours plus – cumulant fortune, pouvoir et prestige – est saisissante, et fait écho à tous les travaux récents sur la recrudescence des inégalités.
Si les inégalités font système, c’est qu’elles résultent de et qu’elles structurent une hiérarchie sociale d’autant plus pesante que l’hérédité sociale générée par ces inégalités est forte. Ainsi, les inégalités contribuent à dessiner les contours et à matérialiser l’existence des classes sociales, à travers même les transformations sociales. Alain Bihr et Roland rejettent donc l’idée de moyennisation de la société en insistant sur la polarisation des avantages et des handicaps créant une société conflictuelle (leur héritage marxien assumé).
Alain Bihr et Roland Pfefferkorn en profitent pour fustiger le néolibéralisme qui tolère ou revendique les inégalités en faisant de la concurrence marchande une « guerre de tous contre tous » (reposant sur l’égalité juridique des propriétaires) qui produirait en soi des inégalités de fait inévitables.