Les inégalités sociales
Jean-Louis SALOMEZ1
LES INégALItéS SOCIALES DE SANté
INtRODUCtION
La question des inégalités sociales de santé est souvent assimilée à tort aux seuls problèmes de santé des plus démunis conduisant à développer des programmes spécifiques « santé-précarité » tant au niveau national que régional. En fait les différences d’états de santé selon les caractéristiques sociales des populations ne se réduisent pas en une opposition précaires/ non précaires mais s’inscrivent dans un véritable gradient social de santé qui se retrouve dans toutes les caractéristiques des groupes sociaux. Au traitement symptomatique des programmes « santé-précarité » centrés sur un groupe particulier se substitue ainsi une logique d’équité en santé applicable à l’ensemble de la population et sur tous les thèmes de santé. Comme l’écrivent Aïach et Fassin en 2004 « [Cette approche]... permet de penser non aux marges de la société, mais à son ensemble, sa structure, ses rapports entre catégories professionnelles ou entre classes sociales. (...) Autrement dit, nous nous obligeons à penser aux liens entre riches et pauvres, ou encore à considérer qu’une société ne fonctionne pas seulement sur des principes de générosité et de compassion à l’égard des plus faibles, mais aussi et surtout autour de principes de justice sociale ». voyage à Chypre, s’est intéressé aux conditions de travail dans les mines de cuivre. Si au Moyen Age ces thèmes sont quelque peu oubliés, ils donneront lieu à plusieurs publications à partir du XVIème siècle dans de nombreux pays d’Europe s’attachant préférentiellement aux conditions de vie et de santé des travailleurs de la mine. En 1700, Bernardino Ramazzini publie son « De morbis artificum diatriba », premier ouvrage de médecine du travail, instaurant la notion de maladie professionnelle. Cette littérature ne s’intéresse donc pas à ceux qui sont exclus du monde du travail mais plutôt à l’outil de production. La santé n’est prise en compte que comme