En 1978, au lendemain de la Révolution Tranquille, Denise Boucher scandalise le théâtre québécois. Dans le texte de sa pièce Les fées ont soif, l’auteure dénonce l’aliénation des femmes de façon plutôt choquante. Plus de quarante ans ce sont écoulées et la pièce est toujours d’actualité. La mise en scène d’Alexandre Fecteau, présentée à la Bordée, accentue la signification du texte en mettant l’emphase sur la façon dont les personnages sont interprétés par les comédiennes ainsi qu’en leur attribuant des caractéristiques typiques qui seront mises de côté au fil de la pièce.

En premier lieu, les actrices Marie-Ginette Guay, Lise Castonguay et Lorraine Côté, jouant respectivement les rôles de La Statue, de Marie ainsi que de Madeleine, incarnent leurs personnages de façon impressionnante. L’émotion présente dans le texte est amplifiée sur scène par la qualité du jeu de ces comédiennes. En effet, les didascalies étant très peu présentes, Alexandre Fecteau a pris soin d’attribuer aux actrices un ton de voix qui convient à chaque situation dans le but d’ajouter de la vivacité à leurs répliques. Par le fait même, lorsqu’il est temps d’illustrer de la frustration ou de l’hystérie, l’intensité est ressentie dans la salle car les comédiennes réussissent très bien à ajuster l’intonation de leurs paroles. Par exemple, lorsque les trois femmes parlent d’elles et que Madeleine mentionne qu’elle n’est pas seulement qu’une hystérique, Lorraine Côté utilise une tonalité qui permet aux spectateurs de concevoir l’émotion présente. De plus, les émotions telles que la tristesse ou le mépris sont aussi très bien représentées par Lise Castonguay, dans son rôle de femme au foyer. Il est possible de ressentir le besoin de liberté de son personnage lorsqu’elle remet en question sa relation avec son mari, Marcel. Le metteur en scène a aussi veillé à ce que la gestuelle de chaque comédienne soit représentative de son personnage. Les mouvements réalisés par Lorraine Côté, notamment