les fusillés
Le poète veut d’abord nous faire ressentir l’intensité émotionnelle de cette scène.Dès le titre et les premiers vers, c’est l’exécution qui est présentée. Le premier quintil (dans la première édition, un blanc typographique le séparait des vingt autres vers) évoque de façon métaphorique le martyre. La répétition du participe passé « appuyés contre le ciel » donne à la fois une vision très forte de leur posture de condamnés et la certitude que cette situation est irrémédiable.La plongée directe au cœur des pensées de deux des martyrs est aussi source d’émotion forte.« L’un d’eux pense au petit villageOù il allait à l’école »Les vers évoquent la jeunesse du personnage. Le présent « pense » actualise ce souvenir et nous le rend presque personnel.« Un autre est assis à sa tableEt ses amis tiennent ses mains »Cet autre passage, lui aussi au présent, nous plonge dans l’intimité du second martyr. Le caractère paisible de la scène évoquée accentue l’horreur de l’exécution. L’éloge
Par cette focalisation interne, récurrente dans tout le poème, René Guy Cadou nous montre sa proximité avec les jeunes résistants, mais ces vers en font aussi un éloge fervent.C’est d’abord leur courage modeste que le poète met en lumière. Rien de clinquant dans ces vers, rien d’ostentatoire dans leur sacrifice. La simplicité formelle du texte – écrit en vers libres, composé de phrases en majorité courtes, souvent des indépendantes, le vocabulaire concret, compréhensible par tous – traduit la modestie de leur courage.« Pourtant ils disent qu’ils ne sont pas des apôtresEt que tout est simple »Les deux vers insistent sur leur refus de se présenter en donneurs de leçon, citoyenne ici, non religieuse comme peut l’évoquer le nom « apôtres ».L’admiration que Cadou veut susciter en nous est encore plus sensible dans le regard que ces hommes portent sur leurs bourreaux. D’abord, dans cette confrontation, ce sont les victimes qui l’emportent martèle le vers « Ils sont bien au-dessus de ces